JULIA KRISTEVA

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Julia Kristeva — « Non seulement il n’y a pas de Perversion mais nous sommes tous pervers, ou de la Mère-version »

 

 

 

 

 

Talks On Psychoanalysis - International Psychoanalytical Association- French Edition


Dans l’épisode d’aujourd’hui, Julia Kristeva va nous parler du rapport d’Ilse et Robert Barande, présenté au 42ème congrès des psychanalystes de langue française en 1982 qui s’intitule "Antinomies du concept de perversion et paradoxes de son usage dans la théorie et la pratique psychanalytique". Une nouvelle publication en abrégé paraîtra dans un prochain numéro de la Revue Française de psychanalyse, avec une introduction de sa part. En effe, elle a trouvé ce rapport tout à fait "provocant, roboratif et d’une actualité évidente" dans ces temps de pandémie et de confinement. Julia Kristeva est écrivain, psychanalyste titulaire formateur à la Société Psychanalytique de Paris et professeur émérite à Paris 7. Dans ses oeuvres, nous n’en citerons que quelques unes: Soleil Noir; La trilogie « le Génie féminin »: Hannah Arendt, Mélanie Klein et Colette; Histoires d’amour;Les nouvelles maladies de l’âme; Au risque de la pensée; Je me voyage; La haine et le pardon; Pulsion du temps. Son dernier ouvrage paru en 2019 est: Dostoïevski.

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This podcast is produced by International Psychoanalytical Association www.ipa.world . Virginia Ungar, Présidente Sergio Nick, Vice-Président Henk Jan Dalewijk, Trésorier Romolo Petrini, Président du comité de rédaction du site web Gaetano Pellegrini, Equipe du Podcast responsable Andy Cohen [eng]; Johanna Velt [fr]; Monica D’Alançon [ger]; Ana Maria Martin Solar, Marcos de Soldati [sp]; Isabel Silveira [por]; Soh Agatsuma, Atsumi Minamisawa, Kouhei Harada [jp],

collaborators Pour toutes questions et suggestions, merci d’envoyer un email à ipatalks@ipa.world Schumann - Arabesque in C major, Op 18, interprétée par Ludovica Grassi. © photo J Foley/Opale

 

 

Non seulement il n’y a pas de Perversion mais nous sommes tous pervers

De la Mère-version

Le rapport d’Ilse et Robert Barande, présenté au 42ème congrès des psychanalystes de langue française en 1982 s’intitule Antinomies du concept de perversion et paradoxes de son usage dans la théorie et la pratique psychanalytique [1] . Une nouvelle publication en abrégé parait dans un prochain numéro de la Revue Française de psychanalyse, avec une introduction de ma part. Était-ce le confinement pesant qui avait envie de brèches, de soubresauts et de courants d’air ? –Je l’ai reçu comme un véritable coup de force provocant, roboratif et d’une actualité évidente. Vous avez dit Perversion ?

Il revient à un couple de psy, marié de surcroit, de lancer un pavé dans la marre du psychanalytisme, lui-même passablement pervers ! Les auteurs assument, en souriant, l’improbable gageure. Elle avec le style serré de la concentration conceptuelle qui frôle la pudeur poétique. Lui paradoxalement pédagogique, pour mieux décharger les foudres de la transgression. Ils s’insurgent contre ces approches psy des « pervers » qui tendent à « instituer un modèle adultomorphe [de la Perversion], si ce n’est gérontomorphe parce que normatif et péjorant sinon excluant la singularité de l’infantile permanant en chaque adulte » (R. 201). Et justifient pourquoi il leur est impossible de

présenter dans ce Rapport une clinique de la Perversion […] n’ayant jamais observé de Pervers en analyse ni même de comportement « pervers » chez [leurs] névrosés, et nécessairement, s’en fut-il trouvé, [ils n’auraient] pu les identifier comme tels ! (R. 200).

***

Le rapport date donc de 1982. La « société de consommation » avait pactisé avec « la société du spectacle », non sans nous imposer des « rigueurs » en tout genre. Ce fut le charme de la première Fêtes de la musique (1981) et la sage audace de l’abrogation du délit d’homosexualité (1982) instauré par Vichy. La percée des LGBT depuis les années 1990, puis le mariage pour tous (2013) devait confirmer une accélération anthropologique dont la psychanalytique faisait partie, et qui s’est imposée avec l’hyper-connexion. « Une nouvelle espèce peut naître d’une nouvelle enfance conversée et substituée à la maturité » prophétisent dans ce contexte les rapporteurs (R. 202).

Emprunté par Freud à la clinique psychiatrique et médico-légale du XIXème siècle, le concept de Perversion est « appliqué en clinique psychanalytique dans la confusion théorique » (R. 170) constate le Rapport ; et il se propose de l’éclairer en cheminant de « la fonction fétiche du concept de Perversion » à la « condition phobo-perverse » (R. 270) et « serve » (R. 235) de la libido. Ambitieuse traversée, qui se doit de sonder l’héritage freudien dans ce domaine, dont Ilse et Robert Barande repèrent, et de fait saluent, le caractère… « tâtonnant, incertain » (R. 170). Ils en profitent cependant pour y ancrer leurs emprunts à l’éthologie en priorité, à l’ethnologie et à l’anthropologie bien sûr, mais aussi à la philosophie, la littérature, la théorie politique. Les rapporteurs passent au crible maintes positions de la psychanalyse moderne. Engagé, passionné comme l’imposent les paradoxes de la notion et le parti-pris de la déconstruire, le Rapport brasse des savoirs exigeants et des expériences cliniques complexes, en laissant entendre – dans les deux présentations y recueillies – aussi bien la voix singulière de chaque auteur que la complicité de leurs convictions théoriques subversives. Dans mon commentaire, j’ai cité en revanche des extraits du Rapport lui-même.

***

D’emblée, le caractère « pervers » de notre psyché est assumé nolens-volens comme coextentiel à la condition de l’humain d’être non seulement « né inachevé mais de le demeurer de par les grâces de la néoténie » : « une dé-naturation [s’en suit] dont la culture (la sublimation) » est « l’expression avant d’en devenir le promoteur » (R. 170). Le Rapport gardera donc le terme de Perversion (en majuscules ou entre guillemets) et par-delà la distinction « perversité »/« perversion » - il va tenter d’abord de « cerner » les contradictions « méthodologiques » [2] (dans la pensée du psychanalyste), « métapsychologiques » (les relations dynamique, topiques, et économiques) et ontopsychogénitiques (qui conditionnent et portent les précédentes). Patiente perlaboration qui devait aboutir au constat que l’insignifiance psychopathologique du concept de Perversion laisse

d’autant apparaitre son utilité culturelle, à dire vrai jusqu’ici à peine voilée par ses paradoxes. Elle est de sauvegarde des valeurs morales et sociales, de garde-fou aménagé au service du normatif. Mais cette fonction dans la vie collective est-elle autre chose que la duplication du rôle autrement essentiel de sauvegarde l’individu lui-même ? » (R171)

Le cadrage théorique donné par les Trois Essais (1905), où la névrose est analysée comme le « négatif de la Perversion », s’impose aux Rapporteurs jusqu’à la position princeps accordée au fétichisme [3] (1927). En revanche, le Rapport considère que ce glissement s’est « statufié », « fétichisé » (R. 170) à son tour, au détriment du fondement métapsychologique du concept de Perversion dans sa globalité (R. 170). La « pulsion de mort comme non-transgression » [4] et la redécouverte du clivage (Spaltung) en 1938, auraient mené Freud à une négation de lui-même [5] .

Les rapporteurs vont donc privilégier « le point de vue économique » pour s’en tenir à un Freud « plus captivé par les vérités de la vie que par les axiomatiques successives ». Et ils découvrent dans la « Conférence (XXII) pour l’introduction à la vie psychique » (1920) cette apologie du moi-plaisir purifié qui serait « inaugurale en deçà du principe de plaisir » (R.172), un « en deçà » peut-être plus énigmatique encore que l’« au-delà » et que la mort.

Ilse et Robert Barande redéploient dès lors leurs recherches en empruntant à l’école hongroise, et tout particulièrement à Ferenczi et Balint, pour privilégier une « pulsion fondamentale » (Talassale [6] ) et un fantasme primordial (amphimictique [7] ) qui prédétermineraient toutes les manifestations pulsionnelles. Ils discutent dans cette perspective de nombreux travaux (F. Pasche, R. Diatkine, S. Lebovici, J. Favreau, M. de M’Uzan, Joyce McDougall, B. Grunberger, C. David, mais aussi Pierre Fedida ou D. Meltzer, E. Glover, P. Greenacer parmi d’autres) qui viennent illustrer le « génie pervers de la sexualité humaine » (R. 184).

Ce train de pensée devait logiquement conduire les rapporteurs à l’hypothèse néoténique (neos=jeune, tio=se prolonger) de Louis Bolk [8] dont ils revendiquent « les convergences avec maintes formulations de Freud » (R. 201). S’y ajoute le recours à Karl Lorenz [9] , selon lequel l’appétence du nourrisson « dépasse son but immédiat » et « fonctionne comme […] un intérêt quasi théorique » (R. 218) – validant ainsi éthologiquement l’appétit d’excitation freudien (Reizhunger).

Dès les Trois essais sur la théorie sexuelle (1905) Freud utilise le terme Reizhunger [10] , traduit par craving for stimulations [11] ou « faim de stimuli » [12] ou « appétit d’excitation » dans le Rapport, mais il revient en 1915 pour en minimiser la signification [13] . En effet, dès les Formulations sur les deux principes de l’advenir psychique (1911), et par la dialectique de l’investissement (Besetzung) et du refoulement (Verdrängung), il avait introduit une « révolution psychique de la matière » [14] qui « n’abandonne le plaisir immédiat » que « pour gagner un principe plus tardif assumé », « cause d’une impression endopsychique puissante ». Les processus de pensée et le langage trouvent leurs sources dans cette psychisassions : nouveaux objets de l’« appétit d’excitation » qui dès le début des êtres parlant serait un appétit d’investissement endopsychique, intercalant le « bridement culturel » et le « refusement initiale de la jouissance sexuelle » [15] . J’ai pu nommer cet entrelac du langage avec le réel, le pulsionnel et l’endopsychique : la chair des mots [16] .

Parce qu’investie dès le début dans le langage et/ou la mémoire transgénérationnelle, la sexualité ainsi dé-naturée serait-elle portée… par les femmes ? « Seul mammifère à se prêter à l’acte sexuel sans être en rut », les femmes « purent signaler leurs humeurs avec des mots », - hasarde la rêverie de Claude Lévi-Strauss [17] .

De cette micro-analyse de la subjectivation le Rapport ne retient que la perte de « l’objet originel » par suite « du refoulement de l’inceste » et la « la faim de stimuli » qui perdure, pour expliquer « l’inconstance dans le choix d’objet ». De même, en introduisant la notion d’autodomestication – « transformation permanente de la contrainte externe en contrainte interne », qui serait l’équivalant de la domestication de l’animal par l’homme, mais « reçue plus exogène, prenant le relais des schémas instinctuelles » (R. 219) – le Rapport subsume et fait l’économie des processus complexe de négativité et de la tiercité, qui reprennent et articulent les antinomies et paradoxes de concept de la Perversion chez Freud et dans la recherche après lui.

C’est donc le Freud des Trois essais que Ilse et Robert Barande s’approprient, pour bâtir leur thèse en réécrivant la phrase initiale de ce texte fondateur de Freud ainsi (I, 1) :

Nous trouvons la meilleure interprétation de la notion populaire « d'instinct sexuel » dans l'événement biologique premier, celui de la naissance, d'un réalisme cru bien que lui-même non exempt de poésie, par lequel l'être humain fut divisé de son corps entier, jeté hors de son objet qui fut donc d'abord lui-même : un en deux, deux en un (l'enfant et sa mère), « qui tendent depuis à s'unir par l'amour (R. 203)

Et c’est sur cette base que le Rapport se propose de « rénover la compréhension de l’ontogénèse de la libido,  pour contribuer à la sortir de nombres d’impasses liées à l’adultomorphisme » (R. 201).

***

Il reviendra à Ilse Barante de développer la portée biopsychologique des deux piliers du Rapport que sont l’appétit d’excitation associé à la néoténie évolutive. L’autrice précise que le « double début » (Ansatz) de la sexualité selon Freud « s’apparente aux théories bolkiennes », et relayées dans L’homme Moïse et la religion monothéiste (1939) par la « théorie des vestiges du Moi hérités dans le Ça » [18] . Avec Freud, Ilse Barante argumente que « l’immaturité définitive » d’un humain néanmoins en mesure de procréer serait « le mode de survivance » d’une forme immature des primates les plus proches : condition de la possibilité de la névrose, ce privilège humain [19]  ; mais aussi de la juvénilité qui s’exprime dans le jeu, l’exploration et la flexibilité, fondées sur une « une latitude épigénique perdurant tout au long de l’existence ». Cette « potentialité fœtale », et notamment la composante embryonnaire persistante des régions cérébrales qui pourvoie à l’étendu particulière de la mémorisation et à la composition de stimuli existentiels internes et externes, serraient-elles une justification neurologique de la « révolution psychique de la matière » chère à Freud ? Les rapporteurs n’en sont pas encore là.

Au regard de ces détours ontopsychogénétique, les théories psychanalytiques qu’il s’agit de déconstruire se révèlent comme autant de « compensations », de « substituts » et en ce sens « nécessairement… pervertis » de l’objet de délectation déterminé par notre prématuration et notre néoténie : c’est-à-dire le but incestueux, du retour à la mère qui s’avère ainsi seul objet… non pervers. Les antinomies et les paradoxes de la Perversion ne sautaient être que des mensonges, inauthentiques ersatz du manque originel de l’objet perdu que le plaisir transforme en « objet retrouvé ». Tombe alors ce raccourci frappant, la formule de cette thèse transgressive :

Aussi la Perversion s’avère-t-elle mensonge de notre mère-version. (R. 205)

Formule provoquante, qui invite à approfondir la signification métapsychologique de l’érotisme maternelle par rapport à la sexualité féminine, mais tel n’est pas l’objet du Rapport [20] . En interrogeant la fonction métapsychologique de la Mère-version, le Rapport « dévoile le rôle contraphobique » du concept de Perversion au cœur de ses antinomies et de ses paradoxes ; ainsi que sa fonction fétiche dans l’usage du psychanalyste lui-même, quand la Perversion sert à désavouer la castration au fondement de l’humain néotène.

Ce noyau phobique co-originaire de l'être néotène conditionne tout autant notre excitabilité, notre appétit d'excitation (Reizhunger), que ses satisfactions toujours substitutives aussi bien en ses objets présumés plus directs qu'en ses détours... éventuellement fétichistes. Cette tension variable provisionne notre perception de vivre, mais exige de rester pour part dérobée, déplacée à l'abri de l'obstacle protecteur contre l'aphanisis et la disparition corollaire de l'objet. (R 209-210)

L’hypothèse néoténique débouchant sur la MERE-VERSION « ne doit pas être reçue comme un dogme » préviennent les rapporteurs (R. 207, note 101). Sans se départir pourtant autant de la tonalité offensive de leur travail qu’ils proposent comme une « ouverture dialectique qui ne saurait épargner le choix même d’être psychanalyste » (R. 211). La psychanalyse serait-elle une aubaine contra-phobique, prétendant étudier les Pervers… qui ne se présentent guère ? Une aubaine pour plonger au plus profond de la relation duelle, mais au bénéfice d’une participation aveugle ? « Ce choix [d’être psychanalyste] ne serait-il pas la place volée du mensonge pervers, soit celle de la lettre volée de la perversion ? » (R. 211) insistent les rapporteurs.

Vous avez bien entendu : la psychanalyse elle-même est renvoyée ainsi à la perversion ; et, sans abolir ni justifier la différence entre perversité et perversion, la thèse de la MERE-VERSION néoténique, fidèle à sa logique, s’interdit de présenter une quelconque clinique de la perversion. D’ailleurs si les vrais pervers ne se présentent pas chez l’analyste, ce défi ne met-il pas en question la psychanalyse elle-même ? Les rapporteurs ne désarment pas.

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Chemins faisant ils s’attaquent aux discours et institutions psychanalytiques, la SPP comprise. En témoignent, selon les rapporteurs, ces bilans de ce que l’on nomme « supervision »… et qui ne sont que « autocréation de très belles statues cliniques […] conduits par le superviseur voyeur » (R. 196). Tout en estimant que dans leur optique, « la “Perversion” du discours psychanalytique est inévitable » (R. 195), leurs critiques sévères n’épargnent pas non plus les courants cliniques pourtant prisés qui accordent, selon eux, une « prime perverse » au « beau pervers polymorphe » contre le « mauvais » mais « vrai pervers » : ce serait une « évangélisation » qui « cherche à dépasser la constitution psychique plutôt qu’à en rendre compte » (R. 176-178).

La « descendance kleinienne » ainsi interpelée, les foudres se concentrent sur « le ghetto structuraliste » (R. 211) et « fashion » (R. 187) « pour récuser » l’application de la démarche structurale à la théorie psychanalytique (R. 201). « Haute teneur spéculative », mais « malaise insidieusement moralisant et inapte au transfert » ; « les faits cliniques sont faibles », les « critères structuraux » « s’érigent comme un tiers entre l’analyste et l’autre », « le désir ne concerne que la parole de l’autre et jamais le corps, surtout pas celui de la mère ! » (R. 189)

En définitive, s’il est vrai que toute connaissance de la vie psychique, procédant par « objectivation » et « abstraction », participe de la Perversion elle-même (selon P. Fedida, R. 177), le « structuralisme psychanalytique » et la notion de « structure perverse » en particulier, en sont une illustration extrême. Car ces discours et pratiques dérogent à la spécificité analytique pour autant que celle-ci aurait dû conduire à « s’interroger sur ce qui peut nous faire dire dans un mouvement d’humeur qu’il y aurait là quelques perversions ». Et les auteurs de conclurent : « Cette humeur contre-transférentielle, la sollicitation transférentielle qui l'origine, voilà notre sujet. » (R.177)

On ne saurait mieux formuler et justifier la contestation d’un certain structuralisme en psychanalyse, associée avec l’inflation psychanalytique ambiante. Ma recherche sur l’abjection (« l’intéressante recherche sur l’abjection comme structure proposée par Julia Kristeva », R. 190), aura-t-elle échappée à cette charge anti-structuraliste parce que, contrairement à ce qu’affirment les rapporteurs, ce n’est pas une structure que je pose ? J’essaie, en revanche, de sonder une constituante psychosomatique de la subjectivation [21]  : ni sujet, ni objet, l’abjet (« a » privatif) désigne l’entre-deux de l’enfant et de la mère, de l’infantile et du maternel chez l’adulte, qui ne pouvait que consonner avec « la transgression à dévoiler le sexe de la mère à l’origine de l’être humain » (R. 190-191) que propose la notion de Mère-version.

Antérieur à l’objectalisation kleinienne et à distinction entre « bon » et « mauvais objet », l’abjection sous-tend en effet la fonction contra-phobique du langage, avec sa dimension sémiotique (écholalies, vocalises, rythmes, mélodies) puis symbolique (prosodie, syntaxe, argumentation, narration). Lorsqu’ils suspectent un « voile de la morale et du jugement », dans le sens horrible du terme « abjection », les auteurs ne retiennent que sa valeur traditionnelle telle que je l’interprète dans l’histoire religieuse comme une tentative de s’en « purifier » ainsi que dans maints textes littéraires qui en proposent une « catharsis ». Au contraire le rejet sur lequel j’insiste dans cette pulsionnalité pré-objectale qu’est l’abjection (ni sujet, ni objet) fait allusion à l’Être-jeté (Die Geworfenheit) de Heidegger et au Fort-da (rejet-là) du jeu avec la bobine que Freud met en scène dans Au-delà du principe de plaisir. [22]

Cette négativité (au sens de Hegel ou de Freud), qui accompagne la subjectivation tout au long du processus vital des humains, n’épargne pas l’incestualité (avec le père ou la mère). Violence de la jouissance contra-phobique en effet, Freud la développe dans la Négation (1925), avec sa double face : rejet pulsionnel (Ausstossung) et énoncé linguistique (Verwerfung et Verneinug), qui inscrit le nouage psycho-somatique de l’être parlant dans une dimension tierce. Celle-ci se soutient – ou pas – de la fonction paternelle. Symptomatiquement absente du rapport, et en pleine mutation aujourd’hui dans l’accélération anthropologique en cours mais sans pour autant disparaitre, la tiercéïté de la fonction paternelle demeure indispensable à la symbolisation, par laquelle se règle le jeu des antinomies et des paradoxes de l’être-parlant, qu’elles soient tributaires du langage ou bouleversée par l’image.

La Perversion sans père qu’exposent Ilse et Robert Barande ne manque pas pour autant de langage. Reconnaissant la fonction législative de la langue, les auteurs rappellent que le psychanalyste est celui qui entend et fait entendre, souvent par son silence, la volubilité ou le mutisme séducteur et/ou submissifs de l’analysant [23] . Le seul exemple clinique qu’ils rapportent témoigne de ce que les auteurs appellent la « duplicité » [24] du langage. En témoigne cette patiente qui affirme « ne s'être jamais masturbée : “Lorsque je le faisais, je ne savais pas que cela s'appelait ainsi, et lorsque je l'ai su, je ne l'ai plus fait” !... » (R. 200)

Il est probable que lorsque la petite fille se masturbait, elle, ou son inconscient, savait qu’elle se livrait à quelque chose qui n’était pas nommé ou bien l’était-il de manière trouble, inaccessible ou répréhensible, et par conséquent plus excitante encore à force de l’exclure.

Même chez l’infans, cet être parlant qui ne parle pas encore, le langage dit : jouis ! Dès le début fut-ce en déniant ou en jugeant, les humains projettent leur érotisme dans une néoréalité, celle du langage, où se protège la jouissance interdite, et de ce fait perverse, en attente d’’être reçue, partagée. Ainsi la petite fille qui « ne savait pas [comment ça s’appelle] », choisit la cure par la parole pour venir déposer l’acte masturbatoire dans des mots adressés à l’analyste. Et elle l’accomplit pour de bon cette fois-ci, dans la séduction autorisée du transfert ! Sacrée « duplicité du langage » !

***

Le souci « de rendre l’authenticité » du « corpus théorique » que la « perversion nécrophile » menace de s’affoler jusqu’à se désarticuler dans l’incohérence (R. 195) ; ainsi que le désir d’« l’actualiser [ce corpus théorique] par notre parole », à laquelle la clinique apprend que le « juste tempo n’est jamais acquis » ; - ces scrupuleux développements arrachent aux rapporteurs une apologie du dire analytique qui n’intervient que dans l’intensité transférentielle elle-même :

Seul lieu où la parole de l'analyste peut, aux moments féconds du processus, trouver son adéquation. Car celle-ci résulte, plus que de la succession des interventions parlées elles-mêmes, des silences et des non-dits partagés, […] en un champ d'entendement secret, celui de l'implicite et du latent qu'anime en de rares opportunités la parole explicite. (R. 196)

Ilse Barande avait d’ailleurs développé en 1974 cette « duplicité » langagière en privilégiant l’aspect kinésique et quantitatif, en contrepoint de « la soumission à la normalité » dans « l’impérialisme du langage » [25] . Elle l’entends dans la réceptivité de l’analyste aux effets de voix, inhérent au langage parlé en analyse, non-infléchis par le souci du dialogue, et qui parvient par « l’écoute flottante » à « muer l’analyste en mélomane de la prose parlée » [26] . Ou, encore son écoute analytique tette une fulgurante percée dans la « matérialité » sous-jacente à la « coalescence signifiant-signifié » [27] repère, chez un patient dont l’analyse ne se déroule pas dans sa langue maternelle, que la « pratique de la cure dans une langue mal acquise par lui peut trouver une stimulation hors-série pour s’en approprier toutes les nuances » [28]

En rappelant que depuis la lettre Pourquoi la guerre (de Freud à Einstein, 1915), l’analyse de la Perversion individuelle se poursuit en éclairant la Perversion collective, et puisque le parti-pris du Rapport impose de s’en tenir au point de vue économique, sans analyser les pérégrinations de la mère-version dans l’architecture du parlêtre, - c’est aux créateurs de langage et de pensée qu’Ilse et Robert Barande cèdent la parole.

 

A Georges Bataille, en exergue inopinée de leur thèse transgressive, car il a célébré le luxe dans l’appétence d’excitation comme une « part-maudite » que le corps social abjecte pour la sacraliser [29] . Et à Hannah Arendt pour dénoncer la Perversion totalitaire du lien sociale [30] qui, par une idéologie donnée pour infaillible et instaurant « la banalité du mal », « émancipe la pensée de l’expérience de la réalité » et « ne connait ni la naissance ni la mort » (R. 249).

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Tous les fils de ce Rapport sur la Perversion/Mère-version - aimantés par le transfert/contre-transfert, et adossés à un Freud « conquistador » et « aventurier » [31] , - semblent renoués dans la lecture dense et polyphonique de L’homme Moïse et la religion monothéiste (1939) [32] que propose Ilse Barande sous le titre « De l’assassinat de Moïse comme immolation de l’instinct de mort » (1984) [33] .

La psychanalyste restitue la duplicité œdipienne de Freud lui-même, avec Moïse en père assassiné en même temps que recré et immortalisé, par-delà le désaveu de l’origine juive (que pose son Moïse égyptien). « La densité du thème féminin-maternelle est comme perdue » [34] , avertit l’autrice. A côté du Freud captif, en 1914, du Moïse de Michel-Ange, serrant les tables de la Loi, un deuxième Freud, celui de 1938 apparait à l’autrice. En avérant l’appétit d’excitation et la néoténie, pour rassembler les « parties clivées du traumatisme », Freud danse (écrit-il lui-même) entre les « contenus nativement reçus » et « les acquis », un pied dans « l’histoire consignée » l’autre dans l’histoire « déformée », entre la « réalité » et la poésie du « réel non-reconnaissable » [35] . La pulsion de mort ainsi vaincue, il nous transmet que la mémoire de l’anature (Prochiantz) [36] ou nurture (R. 146) humaine, ne cesse de se construire que dans la réconciliation (Versöhnung, de Sohn, fils) avec les origines. Entendons : par l’affiliation. Ilse Barande croit apercevoir ce Freud ultime et insolite comme… un personnage de La Création de l’Homme peint par le même Michel-Ange sur le plafond de la Chapelle Sixtine [37] . Que vois-je ?

Un Adam « excentré » regarde avec « nostalgie » (Seinsuht, nom commun du genre féminin dans les deux langues relève l’autrice) [38] et « en avers du remord du désir meurtrier », il tend son index droit vers l’index gauche du Père Créateur. Ce dernier est incarné par la nudité lascive d’un jeune mâle, ayant accouché de sa jouissance fertile.

Karl Abraham avait attribué l’interdit de la déesse dans le monothéisme paternel à « l’absence dans l’hébreu ancien classique, d’un genre féminin pour le vocable de dieu de l’ancien testament » [39] .

En serait-il de même s’agissant de l’oubli de la Mère-version ? Quant au Créateur, vers lequel tend Adam/Freud selon Ilse Barande, il semble posséder les deux sexes : comme les lui attribue certain courant de la mystique juive [40] . Perversion et Mere-version ? De l’artiste ? De Freud ? De l’analyste ?

Dans cet esprit, mais en croisant Freud avec Léonard de Vinci [41] , Ilse Barande découvre de surcroit un Freud matrophore (« porteur de mère »), qui « sous le voile de Léonard », « s’adjuge le maternel » et « se joue de la différence des sexes et des générations ». Ultime confirmation de la MÈre-version.

 

 

JULIA KRISTEVA

 



[1] Présentées au 42ème CPLF en 1982, Publiées dans la RFP, vol. 47, n°1, p.143-282, 1983, cité par la suite R.

[2] Sauf indication contraire, je souligne.

[3] Cf S. Freud, « Fétichisme » in OC tome XVIII, p.123-131

[4] R. Barande, « La pulsion de mort comme non-transgression », RFP, 1968, tome XXXII, n°3, p.464-502

[5] « […] la poussée est emportée, elle est traumatisme premier, et “l’instinct de vie” chargé de donner la réplique [à “l’instinct de mort”] n’en est que le détour », I. Barande, L’appétit d’excitation, PUF, le fil rouge, 2009, p.106

[6] Au sens où la génitalité est relayée par la « nostalgie des origines » « abréaction d’une excitation incandescente dans un processus créateur de vie (voir Ilse Barante, L’appétit d’excitation, op. cit., p. 196)

[7] Mélangeant des composants infantiles, adultes, oraux, anaux et génitaux et y compris la fusion des gamètes mâles et femelles dans la fécondation

[8] L. Bolk, « Le problème de la genèse humaine » [1926], RFP, 1961, tome XXV, n°2 et R. Barande « Régression et situations analytiques », RFP, 1966, tome XXX, n°4, p. 473-489

[9] Voir K. Lorenz, Trois essais sur le comportement animal et humain, Seuil, coll. Point, 1970

[10] Cf. S. Freud, Les Trois Essais, in Œuvres complète, PUF, tome VI, p.84

[11] Voir S. Freud, Standard Edtion, t. VI, p.84

[12] Voir S. Freud OC, tome VI, p.84

[13] « Les diverses voies par lesquelles cheminent la libido se comportent les unes envers les autres dès le début comme des tuyaux communiquant, et on doit prendre en compte le phénomène du courant collatérale », S. Freud, Ibid. p. 84, note 2

[14] S. Freud, « Formulations des deux principes de l’advenir psychiques », in OC, tome XI, p. 18

[15] S. Freud, « Le rabaissement de la vie amoureuse », in Ibid., p.138

[16] Voir « La chair des mots », colloque interprétation de SPP, 19 novembre 2011, palais Brongniard, Paris, et voir http://www.kristeva.fr/

[17] Claude Lévi-Srauss, Nous sommes tous des cannibales, Seuil, 2013, p.214-215. Le cri femelle ne serait plus une poussée hormonale du cycle ovarien mais le signe de l’investissement psychique en cours du partenaire sexuel. Cf Julia Kristeva Prélude à une éthique du féminin, 51ème Congrès de l’IPA, Londres, voir site Julia Kristeva

[18] Ilse Barante, L’appétit, op.cit., p.111

[19] Voir en particulier Alain Prochiantz et Stephen Jay Gould eux aussi d’adhérant aux vues de Bolk, I. Barande, Ibid, p.198

[20] De nombreux travaux sur le féminin et le maternel se poursuivent aujourd’hui, parmi lesquels mon investigation sur « la reliance ou de l’érotisme maternel », in Pulsions du temps, Fayard, 2013, pp. 197-214, présenté au 71ème CPLF, « Le maternel », 2-5 juin 2011, et RPF, tome LXXXV, 5, PUF, décembre 2011, pp. 1559-1570

[21] Julia Kristeva, Pouvoirs de l’horreur, Seuil, 1980

[22] Les auteurs eux-mêmes introduise textuellement le « rejet » dans leur récriture de la première phrase des Trois Essais, voir ici la p Et le reconnaissent implicitement en évoquant les « aléas des exorcisations symbolisantes » (R. 210) ou l’agressivité au service de l’« aise » de la civilisation (R. 200)

[23] Voir : Robert Barande, « Pourrions-nous ne pas être pervers ? », in La sexualité perverse, Paris, Payot, coll. Science de L’homme, 1972 ; et La naissance exorcisée, Denoël, 1975

[24] . Ilse Barande appréhende à la fois comme une traduction symbolique, turbulence ininterrompue de l’épigénèse et de la disharmonie humaine ; et comme un impérialisme de la langue, facteur principal de l’auto-démystification qui consiste à intérioriser les contraintes externes. Voir Ilse Barande L’appétit d’excitation, op. cit, p.195-199

[25] Ilse Barante, L’appétit…, op. cit., p.199   -205

[26] Ibid, « Le contre-transfert est informé par la vocalisation », [1976], p.31

[27] Ibid., « L’impérialisme du langage », [2003], p. 201,

[28] Ibid. p. 204

[29] « Il serait vain de négliger les règles de la rigueur, qui procède avec méthode et lentement, mais comment résoudre l’énigme, comment nous conduire à la mesure de l'univers, si nous nous bornons au sommeil des connaissances convenues...? Ce n'est pas la nécessité mais son contraire, le luxe, qui pose à la matière vivante et à l'homme leurs problèmes fondamentaux. », Georges Bataille, La Part maudite, Edition de minuit, 1967

[30] Voir Hannah Arendt, Le système totalitaire (1951) et Eichmann à Jérusalem (1964)

[31] « Je ne suis rien d'autre qu'un tempérament de conquistador, un aventurier si tu veux traduire, avec la curiosité, l'audace et la ténacité d'un tel homme. Ceux-là ne sont appréciés qu'en cas de réussite, de découverte réelle, sinon ils sont rejetés. » S. Freud, In Appendices, Lettres inédites de Max SCHUR; Sigmund Freud : Leben und Sterben, p. 643-644, Suhrkampf, 1973, Cité dans le Rapport, p. 268

[32] Cité d’après l’édition Gallimard de 1986

[33] Ilse Barande, L’appétit…, op. cit., p.97-120

[34] Ibid., p.103

[35] Ibid., p. 146, en échos à S. Freud, Abrégé de psychanalyse, 1938

[36] Ibid., p. 199

[37] Ibid., p.120

[38] Ilse Barande, L’appétit, op. cit. p. 106

[39] Ibid. p. 205

[40] Gershom Scholem, Les grands courants de la mystique juive, Paris, Payot, 1960 et T. D. Meek The song of songs (1956) cité in Julia Kristeva Histoire d’amour, Denoël, 1983, p. 110-111

[41] Voir Ilse Barande, Le maternel singulier, Aubier, 1977 et Le maternel au masculin, L’Harmatan, 2011

 

 
 

 

 

 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Not Only is There no such Thing as Perversion, moreover we are all Perverse

by the Mother-version

 

 

 

 

 

 

The report of Ilse and Robert Barande presented at the 42nd Congress of French Speaking Psychoanalysts in 1982 titled Antinomies in the concept of perversion and paradoxes in its application to psychoanalytic theory and practice. A new short version will be published in the next issue of the Revue Française de psychanalyse, for which I have written the introduction. Was it the gloomy confinement that surprised us with openings, spasms, and air drafts? -I perceived it as a stroke of real forceful provocation, intense and timely. Did you say PERVERSION?

It took a married psychoanalyst couple to make waves in the psychoanalytic world, itself already reasonably perverse! The authors take on the improbable task with a smile. She engages in a condensed style of concentrated concepts verging on poetic density. He, paradoxically, writes in a pedagogical manner to better discharge transgressive lightning strikes. They rebel against the psychologists’ approach towards the perverse who show a tendency to “establish an adult-morph model (of perversion), if not to say a gerontological-morph model, because normative and pejorative while otherwise excluding the singularity of the permanent infantile feature in every adult.” (R.201). They justify why it is impossible for them    

to present clinical perversion in this report (…) since they have never observed perversion in analysis, nor in “perverse” behavior in (their) neurotic patients, and of course, if there were any to be found, they would (not) have been inevitably able to identify them as such! (R.200)  

***

 

The report dates from 1982. The “consumer society” had a pact with the “entertainment society”, not without “rigid” impositions of all kind. Such was the charm of the first music festival, “Fêtes de la Musique” (1981) and the wisely audacious repeal of homosexuality as a crime (1982) originally established by the Vichy government. The breakthrough of the LGTB movement since the 1990’s, then the same-sex marriage “mariage pour tous” movement (2013) confirmed an anthropological acceleration of which psychoanalysis was a part and which grew with hyper-connectivity. In this context the authors predict in their report: “A new species could be born of a new infancy, conserved and substituted for maturity.” (R.202)

Borrowed by Freud from the clinical and medical-legal psychiatry of the 19th century, the report states that the concept of perversion “as applied in clinical psychoanalysis is theoretically confused.” (R. 170); and it suggests clarification by going from “the fetish function of the concept of Perversion” toward a “phobic-perverse condition” (R. 270) and “serf” (R.235) of libido. An ambitious undertaking that endeavors to explore the Freudian heritage in this field, in which Ilse and Robert Barande discover and appreciate its “uncertain and hesitating” (R.170) nature. However, they also take advantage for borrowing material, foremost, from ethology, ethnology, and, of course, anthropology, but also philosophy and political theory. The report sifts through many positions of modern psychoanalysis. Engaged, passionate, which the paradoxes of the term and the report’s intention toward deconstruction impose, the report casts a wide net of demanding knowledge and complex clinical experiences, by letting us hear -in the two individual presentations- the individual voice of each author as well as the complicity of their theoretical subversive theories. In my commentary, on the other hand, I cited extracts from the report itself.

*** 

First, the “perverse” character of our psyche is assumed nolens-volens to be co-existential with the human condition not only because “born incomplete, but forced to remain so by the nature of neoteny”: “a denaturation of which culture (sublimation)” is “its expression before becoming its promoter” (R.170). The report will keep the term Perversion (in capital letters or in quotation marks) and thereby ignore the distinction between “perversity”/”perversion” – the report will first try to “distinguish” “methodological”2 contradictions (in the psychoanalyst’s mind), “meta-psychological” (dynamic, topologic and economic relations) and onto-psycho-genetic (which condition and include the previous). Patient elaboration that was supposed to show the psychopathological insignificance of the concept of Perversion

shows even more its cultural utility and to tell the truth, hardly hidden by its paradoxes. Rather, it is the conservation of moral and social values, a constructed safeguard in service of norm. But is this function in collective life other than a duplication of the role otherwise essential to safeguarding the individual himself?” (R 171)

The Three Essays (1905) serving as a frame theory, in which neurosis is analyzed as the “negative of Perversion”, is adopted by the authors as its princeps position applied to Freud’s Fetishism (1927) 3. By contrast, the Report considers this shift “petrified”, “fetishized” (R.170) at the expense of a meta-psychological foundation of the concept of perversion in its entirety (R. 170). The “death drive as non- transgressive”4 and the rediscovery of the split (Spaltung) in 1938, would have led Freud to a negation of himself.5

The authors will therefore privilege the “economic point of view” so as to prefer a Freud, “more captivated by the truths of life, rather than by successive axiomatics”. And they discover in “Conference (XXII) Introduction to Psychic Life” (1920) the apology of the purified ego-pleasure which is “inaugural below the pleasure principle” (172), the “below” may be even more enigmatic than “beyond” and, than death itself.

Ilse and Robert Barande display their research beginning with the Hungarian school, most particularly Ferenczi and Balint, privileging a “fundamental drive” (Talassale 6) and primordial fantasy (amphimixis7) predetermining all manifestations of drives.  They discuss this perspective across numerous works (F.Pasche, R. Diatkine, S. Lebovici, J. Favreau, M.de M’Uzan, Joyce McDougall, B. Grunberger, C.David, but also Pierre Fedida or D. Meltzer, E. Glover, P. Greenacer among others) who illustrate the “perverse genius of human sexuality” (R. 184)

This train of thought should by all logic take the authors to the hypothesis of neoteny (neos = young, tio = prolong) by Louis Bolk 8 who they claim is in, “convergence with much of Freud’s wording.” (R. 201). Moreover, they resort to Karl Lorenz 9, according to whom infant desire exceeds the immediate purpose and functions as (…) an almost theoretic interest” (R. 218) - validating hereby the ethological Freudian appetite for excitement (Reizhunger).

In the Three Essays on the Theory of Sexuality (1905) Freud uses the wording Reizhunger10, translated by craving for stimulations11 or “hunger for stimuli”12 or “appetite for excitement” in the Report, but in 1915 he minimizes the significance13.  Indeed, with Formulations on the Two Principles of Mental Functioning (1911), and the dialectic of investment (Besetzung) and repression (Verdrängung), he had introduced a “psychic revolution on the subject”14 which “does not abandon immediate pleasure” unless “a gained principle is engaged later on”, “cause for a strong endo-psychic impression”.  The thought and language processes find their sources in this psychic realm: new objects for “the appetite for excitement” which from the very beginning in speaking beings are endo-psychically an “appetite for investment”, adding “cultural restraint” and “initial refusal of sexual pleasure”15. I was able to name this interlacing of language with the Real, drives and the endo-psychic: the flesh of words16.

Since sexuality is invested from the very beginning of language and/or transgenerational memory, it is denatured and sustained … by women?  The only female mammal who engages in sexual activity without being in heat”, women have been able to express their moods with words”, - ventured Claude Lévi-Strauss17 in reverie.

In this micro-analysis of subjectivation, the Report only mentions the loss of the “original object” as a result of “repressing the incestual” and the persisting “hunger for stimuli”, which explains “inconsistency in the choice of an object”. On the other hand, by introducing the notion of auto-domestication- “the permanent transformation of the external constraint to an internal constraint”,  which would be the equivalent of animal domestication by man, but with a “more exogenous reception, by adopting instinctual schemes” (R. 219)  - the Report subsumes and omits the complex processes of negativity and  the thirdness  which address and articulate conceptual antinomies and paradoxes of Perversion by Freud and in later research after him.

So, it is the Freud of The Three Essays who Ilse and Robert Barande use for constructing their thesis by re-writing the first sentence of this founding text by Freud as follows (I, 1):

We find the best interpretation of the popular term “sexual instinct” in the first biological event, that of birth, which is of crude realism which does not exempt poetry. The human being is split from his original whole body, thrown out of his object which originally was he himself: one in two, two in one (child and mother), who then ever since strive to reunite through love (R. 203).

This is the basis the Report uses to “renew the understanding of the ontogenesis of libido and contribute to extracting it from its numerous impasses linked to adult-morphism” (R.201).

***

Ilse Barande develops the biopsychological scope, one of the two pillars of the Report, the “appetite for excitement” associated with the neoteny evolution. The author specifies that the “double beginning” (Ansatz) of sexuality according to Freud “resemble Bolkien theories”, and are further developed in Moses and Monotheism (1939) with the “theory of ego vestiges inherited from the id”18. With Freud, Ilse Barande argues that the “definitive immaturity” of the human who is simultaneously in a position to procreate features “a mode of survival”, an immature form of our closest primates: conditioning the possibility of neurosis, a human privilege19; Moreover, there is the youthfulness expressed in play, exploration and flexibility, founded on “an epigenetic latitude lasting throughout existence”. Could this “fetal potentiality”, and particularly the embryonic component persistent in cerebral regions providing specific areas for memory and the composition of existential internal and external stimuli, be neurological proof for “the psychic revolution of matter”, a concept dear to Freud? The reporters are not there yet.

In view of these onto-psycho-genetic detours, the psychoanalytic theories that are being deconstructed turn out to be “compensations”, “substitutes” and in this sense “necessarily… perverted” from the object of delight determined by our prematurity and our neoteny: that is to say the incestuous goal, return to the mother who turns out to be the only ... non-perverse object. Therefore, antinomies and paradoxes of Perversion do not fail to be but lies, an inauthentic Ersatz for the original absence of the lost object which pleasure transforms into the “found object”. Now comes this startling shortcut, the formula of this transgressive thesis:

Perversion as well turns out to be a lie about our Mother-version. (R.205)

 

The provocative formula invites us to deepen the meta-psychological meaning of maternal eroticism in terms of female sexuality, but this is not the object of the report 20. By questioning the meta-psychological function of the MOTHER-VERSION, le Report “reveals its contra-phobic role” regarding the Perversion concept at the heart of its antinomies and paradoxes; just as the fetish function as used by the psychoanalyst himself, when Perversion is used to forsake castration at the base of the human neotenic.

The phobic nucleus co-originating in neoteny conditions our excitability, our appetite for excitement (Reizhunger), as much as satisfactions that are always substitutive as much by their presumed direct objects as by the more detour derived … like fetishist ones. This variable tension shapes our perception of living, but makes us feel partly robbed, displaced in shelter from the protective obstacle against aphanisis (lack of sexual desire) and the disappearance of the corollary object. (R.209-210)

The reporters warn that the neoteny hypothesis leading to the MOTHER-VERSION “must not be understood as a dogma” (R. 207, note 101). Without restraining an offensive tone in their work, they suggest a “dialectic opening including why one chooses to be a psychoanalyst” (R. 211). Would psychoanalysis be a contra-phobic bargain, claiming to study the Perverse… hardly ever present? A bargain for plunging deeply into dual relations, for the benefit of blind participation? “Is this choice (of being a psychoanalyst) a stolen place of the perverse lie, the place of the stolen letter of Perversion?” (R.211), the reporters insist. 

You have heard correctly: psychoanalysis is put in the place of perversion; and without abolishing nor justifying the difference between perversity and perversion, the neotenic MOTHER-VERSION thesis remains loyal to its logic. The report abstains from presenting any clinical material as perversion. For that matter, if the real perverse do not seek to see a psychoanalyst, would this challenge not question psychoanalysis itself? The reporters do not disarm.

***

On their way, they attack discourses and institutions, including the Psychoanalytic Society of Paris, the SPP. As witnessed according to the reporters, these assessments of the so-called “supervision” … and that are only “self-made creations of incredibly beautiful clinical statues (…) directed by the voyeur supervisor” (R.196). While believing in their view that “Perversion” of psychoanalytic discourse is unavoidable (R.195), their harsh criticisms do not even spare the clinical currents, though generally acknowledged, which according to them, grant a “perverse” bonus to the “beautiful polymorph perverse” and not to the “bad” but “real perverse”: this they call an “evangelization” that “tries to overdo the construction of  psyche rather than comply with it ” (R. 176-178).

When “Kleinian followers” are questioned, the headlights strike “the structuralist ghetto” (R. 211) and “fashion” (R. 187) “for rejecting” the application of the structural process in psychoanalytic theory (R. 201). “Highly speculative content”, but “discontent is insidiously moralizing and inept for transference; clinical facts are weak”, the “structural criteria” “erect like a third between the analyst and the other“, “desire only concerns the other’s word and never the body, especially not the mother’s body!” (R. 189) 

In the end, if it is true that all knowledge of psychic life, proceeding by “objectivation” and “abstraction”, participates in Perversion itself (according to P. Fedida, R. 177),  then “psychoanalytic structuralism” and especially the concept of “perverse structure”, are both extreme illustrations. Because this discourse and practice break with analytic specificity, while they should rather be leading us to “questioning what it is in an arising mood that makes us say that it is here that we find perversions”. And the authors conclude: “This counter-transference mood, the transference solicitation at its origin (of countertransference), is our subject.” (R. 177)

One could not formulate and justify contesting a certain structuralism in psychoanalysis any better while associated with the current psychoanalytic inflation. Has my research on abjection (“interesting research on abjection as a structure suggested by Julia Kristeva”, R. 190), escaped anti-structuralism judgement because to the contrary of what the reporters assert, I do not feature it as structure? I try, on the contrary, to sound out a psychosomatic constituent of subjectivation 21: neither subject nor object, the abject (“a” privative) indicates the space in-between the infant and the mother, the infantile and the maternal adult, which rings with ‘the transgressive exposure of the mother’s genitals at the origin of the human being” (R. 190-191) suggested by the notion of MOTHER-VERSION.

Before the Kleinian objectivization by distinction between “good” and “bad” objects, abjection indeed underlies the contra-phobic function of language, with its semiotic (echolalia, vocal exercises, rhythms, melodies) and symbolic (prosody, syntax, reasoning, narration) dimensions. When they suspect a “veil of moral or judgement”, in the horrible sense of the term “abjection”, the reporters only retain its traditional value, the way I would interpret in religious history, an attempt to purify oneself, like in all the literature texts that propose “catharsis”. On the contrary, the rejection that I insist on stemming from archaic drives that define abjection (neither subject nor object) alludes to Dasein (die Geworfenheit) according to  Heidegger and Fort-da (thrown-back) game with the wooden spool Freud narrates in Beyond the Pleasure Principal 22.

This negativity (according to Hegel or Freud) is all along a part of the vital human subjectivation process and includes incestuality (with the mother or the father). Freud develops the indeed contra-phobic violence of pleasure in Negation (1925) with its double face: rejecting drive (Ausstossung) and in linguistic wording (Verwerfung and Verneinung), inscribing the psycho-somatic feature of the speaking human being in a third dimension. This pertains -or not- to the paternal function.  Thirdness is symptomatically absent from the report and in mutation with the ongoing anthropological acceleration without disappearing for that matter. Thirdness in the paternal function remains essential to symbolization by which the interplay of antinomies and paradoxes of the human speaker is arbitrated, even when they are tributary to language or disrupted by image.

The Perversion without father exposed by Ilse and Robert Barande is not without language. By acknowledging the legislative function of language, the authors remind us that the psychoanalyst often hears and makes heard, often by his/her silence, the talkativeness or the seductive mutism and/or the submissiveness of the analysand 23. The only clinical example they bring show what the authors call the “duplicity” 24 of language. So, as one patient states: “never having masturbated: “When I did it, I did not know that that was what it was called, and when I found out, I did not do it anymore”!...” (R. 200)

It is likely that when the little girl masturbated, she, or her unconscious knew that she was engaged in something without a name or else that in a disturbed way it was inaccessible or reprehensive, and therefore more exciting by the exclusion.

Even in the infant, the speaking being that does not speak yet, language says: seek pleasure! Right from the beginning humans projected their erotism through denial or judgement on to a neo-reality, that of language, whereby forbidden jouissance is protected and through this perverse fact, therefore, awaited to be embraced and shared. So, the little girl who “did not know (what it was called)”, chose the talking cure to come and deposited the masturbation act in words spoken to the analyst. In the end, she accomplished an authorized seduction in transference! Impressive “language duplicity”!

***

The concern to “render authenticity” to the “theoretical corpus” that the “necrophile perversion” is threatening to create panic to the point of falling apart into incoherence (R. 195); and also the desire to “update (this theoretical corpus) through our word”, though clinical work teaches us that “the right timing is never granted”; - these scrupulous developments induce the reporters to apology for the analytic word by saying it only intervenes in transferential intensity:

It is the only place where the word of the analyst can find adequacy in the most fruitful moments of the process. This results more than from the succession of spoken intervention, from silences and the shared non-spoken (…) in a field of secret understanding, from the implicit and the latent that animate in rare opportunities the explicit word. (R. 196)

 

Ilse Barande had developed elsewhere this “duplicity” language in 1974 by privileging kinetic and quantitative aspects, as a contrast to “submission to normality” within the “imperialism of language” 25. She hears it in the analyst’s receptivity to the effects of voice, a result of the spoken language in analysis, that is not concerned with an intention of dialogue and able to “evolve the analyst via ‘free floating attention’ into a musical lover of spoken prose” 26. Or else, his analytic listening, sucked up by a striking breakthrough into the underlying “materiality” of the “coalescing signified-signifier”27 benchmark, detects with a patient whose analysis is not taking place in a mother tongue language, that the treatment in a badly assimilated language can bring about an uncommon stimulation, for being capable of seizing all the nuances”28.

Remembering that since the letter Why War? (from Freud to Einstein, 1915), the analysis of individual Perversion continues its course by shedding light on collective Perversion, and because the bias of the report imposes maintaining an economic point of view without analyzing the itineraries of the MOTHER-VISION within the architecture of the parlêtre, the speaking-being, -Ilse and Robert Barande hand over the floor to creators of language and thoughts.

George Bataille is an unexpected example of their transgressive thesis, who celebrated luxury with its desire for excitation as “the accursed share” which the social body abjects and sanctifies 29. And Hannah Arendt denounced totalitarian Perversion of social ties 30, as an ideology, hailed as never-failing and introductive of “the banality of evil”, “that emancipates thinking the experience of reality” and “that knows neither birth nor death” (R. 249).

***

All threads of this report on the Perversion/MOTHER-VERSION – magnetized through transference/counter-transference and leaning on a “conquistador” and “adventurer” version of Freud 31, seem to come together in the dense and polyphonic reading of Moses and Monotheism (1939) 32 suggested by Ilse Barande by the title “On the Assassination of Moses as the Burning of the Death Instinct” (1984) 33.

The psychoanalyst restitutes the oedipal duplicity of Freud himself, with Moses as the assassinated father and at the same time recreated and immortalized beyond the denial of Jewish origin (visible by his Egyptian Moses). “The density of the feminine-maternal theme is practically lost” 34, the author warns. While in 1914, Freud was captive of the Moses of Michelangelo clutching the tablets of law, a second Freud, the one of 1938 appears to the author. By putting forth appetite for excitation and neoteny in order to bring together the “split off parts of the traumatism”, Freud dances (as he writes himself) between “natively conceived contents” and “the acquired”, one foot in “recorded history” and the other in “deformed” history between the “reality” and the poetics of the “unrecognizable real” 35. The death drive overcome, he conveys the memory of a-nature (Prochiantz) 36 or human nurture (R. 146), continually constructing reconciliation (Versöhnung, with Sohn, son) with origins. We hear:  by affiliation. Ilse Barande thinks she is seeing the ultimate and unusual Freud like… a figure out of the Creation of Man painted by Michelangelo on the ceiling of the Sistine Chapel 37. What do I see?

An Adam “far from the center” with a “nostalgic” look on his face (Sehnsucht / Seinsuht, common name of the feminine gender in both languages, says the author) 38 and obverse of a remorseful desire to kill”, he stretches his right index finger toward the left index of God the Creator. The latter is incarnated by the sensual nudity of a young male, come down by his fertile pleasure” 39.

Karl Abraham had attributed the prohibition of the goddess in paternal monotheism to “the absence of a feminine gender for the word for God in the Old Testament in ancient classical Hebrew” 39.

Could it be the same, concerning the oblivion of the MOTHER-VERSION in psychoanalysis? And the Creator, towards which Adam/Freud tend, according to Ilse Barande, seems to be of two sexes: like some mystic Jewish currents seem to attribute 40. Per(father)version and MOTHER-VERSION? The artist’s? Freud’s? The analyst’s?

In this sense, by crossing Freud with Leonardo da Vinci 41, Ilse Barande discovers moreover a matrophore  (“mother carrier”) Freud, who “beneath the veil of Leonardo”, “takes on the maternal” and “plays on the difference between sexes and generations”. Ultimate confirmation of the MOTHER-VERSION.

 

 

JULIA KRISTEVA

 

 

 

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NOTES

[1] Présentées au 42ème CPLF en 1982, Publiées dans la RFP, vol. 47, n°1, p.143-282, 1983, cité par la suite R.

2 Sauf indication contraire, je souligne.

3 Cf S. Freud, « Fétichisme » in OC tome XVIII, p.123-131

4 R. Barande, « La pulsion de mort comme non-transgression », RFP, 1968, tome XXXII, n°3, p.464-502

5 « […] la poussée est emportée, elle est traumatisme premier, et “l’instinct de vie” chargé de donner la réplique  [à “l’instinct de mort”] n’en est que le détour », I. Barande, L’appétit d’excitation, PUF, le fil rouge, 2009, p.106

6 Au sens où la génitalité est relayée par la « nostalgie des origines » « abréaction d’une excitation incandescente dans un processus créateur de vie (voir Ilse Barante, L’appétit d’excitation, op. cit., p. 196)

7 Mélangeant des composants infantiles, adultes, oraux, anaux et génitaux et y compris la fusion des gamètes mâles et femelles dans la fécondation

8 L. Bolk, « Le problème de la genèse humaine » [1926], RFP, 1961, tome XXV, n°2 et R. Barande « Régression et situations analytiques », RFP, 1966, tome XXX, n°4, p. 473-489

9  Voir K. Lorenz, Trois essais sur le comportement animal et humain, Seuil, coll. Point, 1970

10 Cf. S. Freud, Les Trois Essais, in Œuvres complète, PUF, tome VI, p.84

11 Voir S. Freud, Standard Edtion, t. VI, p.84

[1] 2 Voir S. Freud OC, tome VI, p.84

[1] 3 « Les diverses voies par lesquelles cheminent la libido se comportent les unes envers les autres dès le début comme des tuyaux communiquant, et on doit prendre en compte le phénomène du courant collatérale », S. Freud, Ibid. p. 84, note 2

[1] 4 S. Freud, « Formulations des deux principes de l’advenir psychiques », in OC, tome XI, p. 18

[1] 5 S. Freud, « Le rabaissement de la vie amoureuse », in Ibid., p.138

[1] 6 Voir « La chair des mots », colloque interprétation de SPP, 19 novembre 2011, palais Brongniard, Paris, et voir http://www.kristeva.fr/

[1] 7 Claude Lévi-Srauss, Nous sommes tous des cannibales, Seuil, 2013, p.214-215. Le cri femelle ne serait plus une poussée hormonale du cycle ovarien mais le signe de l’investissement psychique en cours du partenaire sexuel. Cf Julia Kristeva Prélude à une éthique du féminin, 51ème Congrès de l’IPA, Londres, voir site Julia Kristeva

[1] 8 Ilse Barante, L’appétit, op.cit., p.111

[1] 9 Voir en particulier Alain Prochiantz et Stephen Jay Gould eux aussi d’adhérant aux vues de Bolk, I. Barande, Ibid, p.198

20 De nombreux travaux sur le féminin et le maternel se poursuivent aujourd’hui, parmi lesquels mon investigation sur « la reliance ou de l’érotisme maternel », in Pulsions du temps, Fayard, 2013, pp. 197-214, présenté au 71ème CPLF, « Le maternel », 2-5 juin 2011, et RPF, tome LXXXV, 5, PUF, décembre 2011, pp. 1559-1570

2 [1] Julia Kristeva, Pouvoirs de l’horreur, Seuil, 1980

22 Les auteurs eux-mêmes introduise textuellement le « rejet » dans leur récriture de la première phrase des Trois Essais, voir ici la p Et le reconnaissent implicitement en évoquant les « aléas des exorcisations symbolisantes » (R. 210) ou l’agressivité au service de l’« aise » de la civilisation (R. 200)

23 Voir : Robert Barande, « Pourrions-nous ne pas être pervers ? », in La sexualité perverse, Paris, Payot, coll. Science de L’homme, 1972 ; et La naissance exorcisée, Denoël, 1975

24. Ilse Barande appréhende à la fois comme une traduction symbolique, turbulence ininterrompue de l’épigénèse et de la disharmonie humaine ; et comme un impérialisme de la langue, facteur principal de l’auto-démystification qui consiste à intérioriser les contraintes externes. Voir Ilse Barande L’appétit d’excitation, op. cit, p.195-199

25 Ilse Barante, L’appétit…, op. cit., p.199  -205

26 Ibid, « Le contre-transfert est informé par la vocalisation », [1976], p.31

27 Ibid., « L’impérialisme du langage », [2003], p. 201,

28  Ibid. p. 204

29 « Il serait vain de négliger les règles de la rigueur, qui procède avec méthode et lentement, mais comment résoudre l’énigme, comment nous conduire à la mesure de l'univers, si nous nous bornons au sommeil des connaissances convenues...? Ce n'est pas la nécessité mais son contraire, le luxe, qui pose à la matière vivante et à l'homme leurs problèmes fondamentaux. », Georges Bataille, La Part maudite, Edition de minuit, 1967

30 Voir Hannah Arendt, Le système totalitaire (1951) et Eichmann à Jérusalem (1964)

3 [1] « Je ne suis rien d'autre qu'un tempérament de conquistador, un aventurier si tu veux traduire, avec la curiosité, l'audace et la ténacité d'un tel homme. Ceux-là ne sont appréciés qu'en cas de réussite, de découverte réelle, sinon ils sont rejetés. » S. Freud, In Appendices, Lettres inédites de Max SCHUR; Sigmund Freud : Leben und Sterben, p. 643-644, Suhrkampf, 1973, Cité dans le Rapport, p. 268

32 Cité d’après l’édition Gallimard de 1986

33 Ilse Barande, L’appétit…, op. cit., p.97-120

34 Ibid., p.103

35 Ibid., p. 146, en échos à S. Freud, Abrégé de psychanalyse, 1938

36 Ibid., p. 199

37 Ibid., p.120

38 Ilse Barande, L’appétit, op. cit. p. 106

39 Ibid. p. 205

40 Gershom Scholem, Les grands courants de la mystique juive, Paris, Payot, 1960 et T. D. Meek The song of songs (1956) cité in Julia Kristeva Histoire d’amour, Denoël, 1983, p. 110-111

4 [1] Voir Ilse Barande, Le maternel singulier, Aubier, 1977 et Le maternel au masculin, L’Harmatan, 2011

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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