JULIA KRISTEVA

M décembre 2010

Le texte de Julia Kristeva dans "M", le supplément au "Monde" du 2 décembre 2010 »
LA SÉDUCTION MYSTIQUE

 

 

Tiepolo, Sainte Thérèse, photo: Sophie Zhang
TIEPOLO (1696-1770), L'APOTHÉOSE DE SAINTE THÉRÈSE (1722-24), photo Sophie Zhang

 

      « Mon seul désir (...) est d'allécher les âmes  par l'appât d'un bien si élevé »                                                                                   
THERESE d'AVILA
                                         
   « Mysticisme : auto-perception obscure du règne, au-delà  du Moi, du Ça. »
FREUD

 

 

 

 Tandis que la raison  des marchés financiers   prétend  assurer la gouvernance du XXIe siècle,  l'immense continent des fous de Dieu refait surface, envahissant la misère de la politique, séduisant les âmes en détresse. Ne vous trompez pas, cette actualité est double. D'un côté: les imams enflammés, les pasteurs fondamentalistes, la meute des mamans-ours intégristes lâchée sur Obama,  les déçus de la République qui rêvent d'une démocratie française jurant enfin sur la Bible. De l'autre: des hommes et des femmes qui revisitent la Terre promise de la Tradition, en quête d'une intériorité  décomplexée et ouverte, qu'on désigne globalement par le terme «la  mystique », comme s'il  était possible d'ignorer le pluriel de ces expériences singulières.

     Dans Les hommes et les Dieux, le sobre film de  Xavier Beauvois (468000 entrées  la première semaine, on table sur 2,5 millions  minimum), sept moines cisterciens assassinés à Tibhirine, et rien à voir. Ni décapitation, ni guerre civile, ni même de dialogue inter-religieux. Irreprésentables, le choix du martyr, suggéré par l'eucharistie ou un tableau du Caravage, et la pudeur  des hommes  qui communient avec la dénuement des villageois. « D'habitude, je serre la main de  mon ami au cinéma, histoire de faire durer la passion dans le noir, confie une patiente. Devant cette dernière Cène , nous n'en étions plus là. Nos quatre mains se tenaient comme dans un pacte absolu. »

   Les  Mystères d'Eleusis  parlent aux Grecs, surtout quand leur pays serait à vendre, parait-il, aux  Chinois ou aux Américains, à suivre. Une artiste grecque,  Diohandi,  expose son installation, Eleusis 2010, dans une huilerie en ruines, non loin  de l'antique site aux initiations secrètes  de Démeter  qui furent interdites 4 siècles déjà avant J.C.  Débris, pierres, planches,  terre, interventions sonores, torches et rappels de rosaces – les espaces s'enfoncent et s'élèvent : sacrifice ou résurrection? Proserpine chez Hadès? Le bref séjour de Jésus en enfer, sa kénose, ce vide de la mort ressentie par l'Homme-Dieu lui-même?  Plutôt la vie intra-utérine d'un bébé? « Mon but, faire vivre... la sensation. » Ces mots de Diohandi reflètent la  survie de  Koré (la fille sacrifiée de la déesse), la traversée de la dépression par l'artiste elle-même, et mon souhait de voir à Paris cette initiation à la renaissance.

     A Saint-Denis la rouge, des feuilles en aluminium enferment des dessins de sept corps de femmes mystiques: scannés, numérisés, pigmentés, marouflés par Ernest Pignon-Ernest.  Il semble convaincu que leurs chairs se désincarnent. Je croyais plutôt qu'elles s'incarnaient. Les deux à la fois? Au vu et au su  des visiteurs du 93, aspirés par ces  transports féminins. Qui les rapprochent ou, au contraire,  les éloignent des leurs, en ce mois sans essence et sans issue?

 

 

  Une commune logique sous-tend ces corps blessés et ravis,  exultant en « méditations » ou  sereins  dans la simplicité du « dévouement », ainsi que leurs éclats furtifs dans des « installations »,  « poèmes», « films »  et « récits » :  indéchiffrables pour le supermarché de la culture, inaccessibles à la surenchère religieuse. Qu'est-ce?

   Tandis que, pour la foi canonique, toute âme est divine et immortelle du fait  de son appartenance au divin, l'expérience mystique  réalise, du vivant même  de l'être parlant, une union amoureuse entre  l'âme, voire le corps, et son Dieu. Plus encore, une parole nouvelle, inouïe, que les mystiques construisent ou qu'ils  refusent en silence, révèle les secrets physiques et psychiques, psychosomatiques ou érotiques de cette aventure. 

    Le Cogito  qui affirme « Je pense donc je suis », risque d'oublier l'autre que je désire en pensant, et qui me dédouble. A contre-courant des cartésiens,  les mystiques  pratiquent une pensée-amour et non un raisonnement pur et simple.  Jamais seule dans son « néant suressentiel », la « fable mystique » ( Cf. Michel de Certeau, La Fable mystique, XVI-XVII siècles, 1982) s'éprouve, pense et agit  toujours depuis l'amour de l'autre et pour l'autre. « Connais-toi en moi », aurait dit Jésus à  Thérèse d'Avila (1515-1582) (Cf. Julia Kristeva, Thérèse mon amour, Fayard, 2008), provoquant ainsi le premier colloque consacré à la future sainte de son vivant,  avec la participation de Jean de la Croix (1542-1591)! Car c'est à partir de son « mariage mystique » avec l'altérité du Tout Autre identifié avec le principe moral  (Thérèse dit: avec « l'appât d'un Bien si élevé ») que les mystiques sont  à l'écoute de leurs désirs à mort. Exaltation, puis suspension de tous les sens; contraintes et souffrances, interdits et châtiments jusqu'à la  mise à mort de soi-même?  Certainement. Mais le pacte d'amour les retourne en exil de soi transféré dans l'amour de  l'autre. Amour-régression, évoquant le bébé à la mamelle (!) de Dieu. Amour-jouissance au-travers du principe de désir. Thérèse y découvre la saveur de la  foi: ce goût – la plus intime des sensations - avec lequel elle parvient à  « allécher  les âmes » ( engolasinar las almas).

    Les figures de cette osmose  sensuelle, sexuelle et sublimée avec le Bien-Aimé manquant peuvent varier. Mais elles inscrivent toutes  une fracture dans la communauté sacrale à laquelle elles appartiennent, et, par dérivations, il n'est pas rare qu'elles atteignent le champs social et politique lui-même. Singularité maximale, rupture du lien, refonte du religieux ou quête a-théologique : la  mystique est perçue par « nous autres » comme une sagesse intime, fût-elle extravagante. Dissidente du savoir officiel, ecclésiastique ou séculier, elle est suspecte et souvent persécutée (le cas de Thérèse fut soumis à l'Inquisition), avant d'être  vénérée  quand elle n'est pas  récupérée a posteriori.

      Le terme mystère, de muw, « se fermer », « être clos » (comme les yeux,  les lèvres,

l'ulcère), remonte au sanscrit mukham, « gueule », « gorge », « entrée ». Mais les mystiques le métamorphisent  en dehors - et le recel intime devient un chemin de l'histoire. Le vide éclate en plénitude, le néant en extase: indomptable énergie. En vingt ans, Thérèse écrit une dizaine de livres et bâtit, contre vente et marée, les   dix-sept monastères de se refondation du Carmel: « Le mariage spirituelle, déclare-t-elle, est destiné à produire des oeuvres, des oeuvres, des oeuvres ». Tandis que  les cisterciens de Tibhirine, nullement héros mais   dévoués à mort,  au nom des hommes et de Jésus, défient la terreur et la puissance des armes. 

                                        

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   Sigmund Freud,  le plus irreligieux des hommes, devait découvrir à la fin de sa vie que la mystique et la psychanalyse  visaient.... un point commun. Comment serait-ce possible? 

   Puisque le principe de plaisir commande notre vie psychique, nous sommes assujettis à deux espèces de bourreaux, dit -il en substance: nos pulsions et les objets supposés  les satisfaire. Face au malaise de la civilisation qui profite de ce principe et l'exacerbe, et avant la catastrophe de la Shoah, le docteur viennois  commence à entendre chez ses patients  un « au-delà du principe de plaisir »: c'est la pulsion de mort.  Question: existe-t-il un au-delà de la pulsion de mort? Une sorte de re-naissance, de résurrection?  Les mystiques témoignent de cette aventure psychique et physique: non pas « au-delà » mais,  en les traversant,  ils  se soucient  du désir à mort et se mettent à l'écoute de la pulsion de mort. Dans la terminologie de sa nouvelle science, Freud  dira que, par  l'expérience mystique,  des « rapports autrement inaccessibles » s'établissent entre « le Moi et les couches profondes pulsionnels du Ca » .

   Et c'est ici  que, brusquement, sous la plume de ce juif athée,  tombe la formulation extravagante: la psychanalyse  se choisit « un point d'attaque similaire » ». Le Moi de l'analysant, affranchi de la tutelle du Surmoi, élargit ses perceptions et se consolide de manière à s'approprier des fragments  du Ca. « Là où C'était, le Moi  doit advenir ». Tel serait le travail de la civilisation:  à long terme,  peut-être impossible, comme l'assèchement du Zuidersee.  Nous sommes en 1932, Freud écrit ses Nouvelles conférences sur la psychanalyse. La nuit tombera bientôt sur l'Europe et le monde. Mais Freud n'abandonne pas  son archéologie du « point d'attaque similaire » entre psychanalyse et mystique. Peu avant sa mort, le 22 août 1938, le dernier mot de sa main  trace cependant une ligne de démarcation  dans cette similitude troublante: « Mysticisme: autoperception obscure du règne, au-delà du Moi, du Ca ». Entendons: plongée et perte du Moi  dans l'autoperception du Ca (côté mystique); mais réorganisation du Moi par une interminable élucidation  du Ca (côté psychanalyse).  Va-et-vient fragile, risqué, indécidable?  Sans adhérer à l'expérience mystique, sans l'ignorer non plus, l'écoute analytique donne sens à sa jouissance.

                                            

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    Si telle est la structure de la séduction mystique, qu'en est-il de son histoire?

   On ne relève les premiers usages du mot « mystique » qu'au VIe siècle, chez Pseudo-Denys l'Aréopagite (dans les Noms divins II, 7 et la Théologie mystique I, 1), en y décelant la fine pointe du néoplatonisme avec l'aphélépanta (« Laisse toute chose ! ») de Plotin (205-270) et jusqu'à la théôria d'un Aristote (384-322 avant J.-C.) contemplatif de l'Un.

  Bien que les indices « mystiques » ne manquent pas dans la Bible et que le judaïsme possède ses courants mystiques (la Kabbale, la « philosophie médiévale juive », etc.) (Cf. Gerschom Scholem, Les grands courants de la mystique juive (1941), Payot, 2002) , que les Upanishad savourent plaisirs des sens et anéantissement dans les sons de la langue, que le soufisme musulman révèle en même temps l'Etre que l'impossibilité d'Etre, et que le Koan  Zen propage le Vide mieux que quiconque, c'est dans le christianisme que les mystiques, hommes et femmes, vont trouver leur voie royale. Interférences, contaminations, influences ou coïncidences structurelles entre ces courants mystiques qui traversent les trois monothéismes? Force est de reconnaître que la véritable « déification du chrétien », la  « théogenèse », sera l'oeuvre de la patristique grecque avec Origène, Grégoire de Nysse, Denys le Pseudo-Aréopagite. Puis, l'abditum mentis, le « fond secret » de l'âme, selon saint Augustin,et sa séquence conversio/reformatio/conformatio, deviendront des instruments de l'extase.

    C'est au XIIIe siècle que se dessine le visage singulier de la mystique chrétienne. Au moment même où Thomas d'Aquin (1227-1274) insuffle la philosophie aristotélicienne à la révélation biblique et évangélique en posant que l'unité de Dieu est accessible à la raison, une pléiade de mystiques se destinent à habiter et diffracter cette « raison » même. Ils l'infiltrent des logiques de l'amour et du néant et, plutôt que de chercher à « prouver » philosophiquement l'existence de Dieu, ils devancent l'investigation contemporaine du besoin de croire lui-même comme une expérience amoureuse polymorphe, excessive, incontournable. Parmi les noms qui ont illustré ces divers courants et marqué profondément la culture européenne, je distingue la dévotion « moderne» des Flamands avec l'amoureux Jan van Ruysbroeck (1295-1381) et la grande Hadewijch d'Anvers (1200-1260). Mais, surtout, les Rhénans, à commencer par Maître Eckhart (1260-1328), le« non-né » (ungeboren). Négative tout autant qu'unitive, l'âme, selon Eckhart, atteint l'état mystique dans le Gelassenheit,

l'« abandon», que célébrera Le Pèlerin chérubique d'Angelus Silesius 1624-1677), après  Henri Suso (ca 1296-1360), Jean Tauler(ca 1330-1361), Nicolas de Cues (1401-1464) et Jakob Böhme (1575-1624). La théologie mystique ainsi créée va fournir toute la terminologie philosophique allemande elle-même. « Voilà ce que nous cherchions ! » s'exclame Hegel en le découvrant, tandis que Schopenhauer affirme que «Bouddha, Eckhart et lui-même enseignent substantiellement la même chose ». Heidegger ne cesse de s'abandonner

à l'« abandon » d'Angelus Silesius et de moduler l'analogia entis qui permet de penser l'Etre et le Néant.

        Les femmes deviennent  les actrices  privilégiées de cette nouvelle de la quête mystique. La surenchère érotique et létale les propulse au sommet de l'excessus, qui peut prendre la forme d'une fabuleuse autoperception anatomique du corps propre chez Hildegarde de Bingen  (1098-1179).  Souverain, l'excès persiste dans le culte du « rien »,  pensée  dite apophatique ( paradoxale « connaissance » de l'inconnaissable et de l'indicible) que formule « la langue coupée et immobile » d'Angèle de Foligno (1248-1309). Il embrase d'un dévouement sacrificiel l'anorexique Catherine de Sienne (1347-1380) lorsqu'elle boit le pus d'un sein cancéreux....

      Pourquoi tant d'engouement féminin pour ce « tout qui est rien » (encore Thérèse)? Serait-ce parce que  le désir féminin  brûle autant la peau, l'oeil, l'oreille, la langue, les zones érogènes, et que tous ses sens  transportent l'amoureuse vers son objet de désir qui, comme l'Amant du Cantique des cantiques, ne cesse de se dérober, époux fuyant ou Dieu caché, absent, invisible,imaginaire, inimaginable ? Si tout le corps féminin est un organe sexuel, il peut tout aussi entièrement refouler le désir en maladie: longue vie au masochisme féminin! Ou l'évider en rêverie, en parole, en sublimité : longue vie à l'imaginaire féminin, aux fantasmes fébriles et aux  pénétrants récits des Schéhérazades! La foi raisonnée des protestants ne devait pas manquer de stigmatiser de telles dérives : « Visionen will ich nicht ! » décrète Luther (1483-1546). Mais les illuminés espagnols n'hésiteront pas, au Siècle d'or, à puiser dans l'humanisme réformé, et la Contre- Réforme conjuguera un nouveau florilège mystique avec l'art baroque.

  Une religion esthétique, a-t-on dit. Pas seulement. L'infini des couleurs, des sons et des mots s'empare des corps dedans-dehors, fluides, mobiles, transitifs, contagieux. Ceux-là mêmes que Thérèse d'Avila s'était inventés, mais qu'elle avait aussi élucidés -  par l'écriture, en combattant son anorexie passagère  et son épilepsie chronique. « Je fais cette fiction pour donner à comprendre », écrit cette moniale qui ne cesse d'analyser ses « visions ».  Entre la Renaissance et les Lumières, la révolution baroque explore  les nouveaux espaces psychiques dont les mystiques étaient les précurseurs : les extases de Thérèse appellent le génie baroque de Gian Lorenzo Bellini à s'épanouir dans le marbre de la Transfixion. Et  LA MYSTIQUE nous apparait comme le creuset des diversités subjectives qui jalonnent l'histoire du christianisme. Jusqu'à  entrouvrir  la voie de l'athéisme: pathétique chez Maître Eckhart (« Je demande à Dieu de me laisser libre de Dieu. »); souriante chez Thérèse d'Avila (« Soyez gaies, mes filles...Je vous autorise à jouer aux  échecs dans les monsastères...Pour faire échec et mat à notre Seigneur! »)

    

   Lit-on de nos jours les mystiques comme on humerait l'opium moisi de vieux parchemins ?  Mais alors, pourquoi est-ce la mystique qui nous séduit, quand on essaie de briser le cercle de

la rationalité calculatrice, de desserrer le carcan des manipulations intégristes et d'analyser la logique folle des pousse-à-jouir terroristes?

    Les Lumières ont brocardé à juste titre  l'obscurantisme  religieux, sans avoir les moyens  de sonder les  explorations extrêmes et les élucidations fugaces dont témoignent les aventuriers de la spiritualité. Denis Diderot pleurait sur le manuscrit de sa Religieuse  qu'il n'arrivait pas à  finir, incapable de donner du sens à la vie de son héroïne après l'avoir sortie du couvent. Des années plus tard,  dans le Neveu du Rameau, dialogue  entre Lui,  l'artiste spasmodique et  la raison du Moi le philosophe,  l'ex-chanoine devenu athée  esquisse  une  « transvaluation » ( formulée par Nietzsche au siècle suivant) des certitudes et des valeurs imposées par   la raison  ou par la foi. Elle  aurait pu sécher les larmes du philosophe hanté par le conte qu'il se faisait de « l'amante en l'amant transformée ».

    Plus insolite encore, en terminant la Critique de la Raison pure, Kant entrevoit en un éclair la possibilité d'un  « corpus mysticum des êtres raisonnables en lui ». Il le définit comme une « unité systématique » universelle (encore cette « unité-union » !) que « le libre arbitre a en soi sous l'empire des lois morales », « aussi bien avec lui-même qu'avec la liberté de tout autre « .  Un nouveau Corpus mysticum donc, le seul capable de répondre à la question: « comment être heureux »? 

    Mais la métaphore kantienne de l'union avec soi-même et avec le tout autre  ne peut s'entendre au seul sens, galvaudé et en faillite de nos jours, de la « solidarité », voire de la  « fraternité ».  L'universalité proclamée des droits de l'homme n'a toujours pas conduit notre global village à une éthique exemplaire, et la transparence médiatique de l'ère postmoderne accentue plus cruellement que jamais la persistance de la barbarie. La liberté étant synonyme de désir, comment puis-je entrer en « union » avec mes désirs à mort  et  avec ceux de tout autre, sinon en m'exilant  de ce  moi que j'aurais passionnément exploré,  pour transmuer mes pulsions et désirs eux-mêmes, à  écoute de la liberté de tout autre, du Tout Autre?  Ce pacte, qui tient  sous son empire le sujet mystique,  ne se réduit pas aux seules lois morales; il les transforme en  amour absolu.  La séduction exercée  par la mystique sur les contemporains  fait apparaître une absence : ils  nous manquent aujourd'hui un discours amoureux  et une expérience amoureuse modernes. Sont-ils possibles? En revisitant, relisant, découvrant, interprétant le corpus mysticum qui nous précède, certains d'entre nous essaient  de les réinventer.

 

 

                                                                      Julia Kristeva

 

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